Dixième jour du mois de mai

Jour 26

J’ai remonté le cours d’eau de Tierwer jusqu’ici, et voilà une halte qui me réchauffe vraiment le cœur. De tous les lieux visités jusqu’alors, c’est là qu’on m’a le mieux accueilli : ô les arômes entêtants de cette soupe aux racines de sendor et de nartali, et ses légumes croquants à souhait… Et ce pain aux graines encore tiède et ce fromage de brebis si fondant… Quelle félicité un simple repas peut-il procurer !

Les villageois m’ont proposé une couche douillette dans une étable, et ont même puisé de l’eau pour mes ablutions : j’étais plus sale qu’un cochon. Le lendemain, quelques litiges ont été soumis à mon jugement, coutume que j’avais crue disparue pourtant… Ces habitants ont si soif de Sa présence ! L’un d’entre eux m’a longuement questionné sur mon service et les principes qui le sous-tendent. Et une jeune enfant montre tous les signes de la Vocation, alors même qu’elle est une fille ! Nous n’avons jamais réfléchi à instituer des moniales… J’en toucherai un mot au Doyen à mon retour.

Non, la tradition d’hospitalité aux serviteurs du Maître n’a pas été oubliée ici. Je ne pouvais mieux leur exprimer ma reconnaissance qu’en traçant le Signe Sacré de bénédiction sur leur village. Je pars le cœur en joie.